Le marché de volailles d’Erevan n’est pas affecté par les restrictions gouvernementales

Publié le par Roubo

Le plus grand marché de volailles en plein air d’Arménie est toujours aussi actif le week-end, en dépit des restrictions gouvernementales annoncées destinées à empêcher le virus de la grippe aviaire présent en Turquie de se propager.
L’inspection vétérinaire d’Etat a annoncé, le 10 janvier dernier, que les marchants à travers le pays ne pourraient désormais plus vendre de volailles, ni d’oiseaux sauvages sans une autorisation spéciale de l’agence subordonnée au ministère arménien de l’Agriculture.
Cette mesure a été prise par le gouvernement suite à la présence du virus de la grippe aviaire dans des régions orientales turques, proches de l’Arménie. En Turquie, trois personnes au moins ont déjà été tuées.
Sur le marché de volailles du quartier Kanaker-Zeytun d’Erevan, ce sont habituellement des poulets vivants ou des oiseaux domestiques, tels que de pigeons ou des perroquets, qui sont vendus. Les commerçants ont déclaré à RFE/RL que personne n’avait essayé d’appliquer ces sérieuses contraintes. «  J’ai ma clientèle et mon affaire fonctionne aussi bien que d’habitude », a expliqué l’un d’entre eux. «  Oui, on nous a parlé [des restrictions], mais personne ne nous a demandé de documents », a précisé un autre commerçant.
Bien qu’il y ait eu peu d’acheteurs sur le marché samedi matin, les commerçants ont insisté sur le fait que la tension provoquée par la grippe aviaire n’avait pas fait fuir les Arméniens qui souhaitent acheter des oiseaux domestiques ou des poulets vivants pour cuisiner ou pour en faire l’élevage. «  Les gens continuent à acheter et la demande est importante, a souligné un commerçant. Si j’avais plus d’oiseaux, je les vendrais tous  ».
Ses collègues et lui sont aussi persuadés que leurs volailles n’attraperont pas le virus H5N1, qui a tué trois enfants dans un village turc situé à moins de 100 kilomètres d’Erevan, la semaine dernière et qui pourrait être facilement transmis par les oiseaux sauvages. « Pourquoi cela nous affecterait, alors qu’il n’y a pas de virus dans ce pays ? », demande l’un d’eux, en expliquant qu’il n’y a pas encore eu de cas de maladie mortelle en Arménie jusqu’à présent.
Les responsables de le santé publique avaient cependant une opinion très différente lorsqu’ils ont pris des précautions, telles que le certificat médical exigé pour les individus qui viennent de Turquie et la désinfection de tous les véhicules entrant en Arménie. Pour sa part, l’ambassade américaine d’Erevan a demandé à tous les Américains vivant sur le territoire arménien « d’éviter tout contact avec des volailles vivantes et des oiseaux sauvages, et de renoncer à aller sur les marchés de volailles  ».
Armen Avagian, le chef du bureau de l’inspection vétérinaire d’Erevan, a déclaré qu’il avait discuté avec Petro Hakobian, propriétaire du marché de Kanaver-Zeytun, et «  lui a demandé d’interdire temporairement les ventes de volailles vivantes ».
Hakobian, qui est aussi responsable-adjoint des autorités locales, a donné une explication confuse lorsqu’il a été contacté par téléphone par RFE/RL. Il a d’abord déclaré ne pas être informé des restrictions gouvernementales et a précisé qu’il interdirait le commerce de volailles si « un seul cas de grippe aviaire était déclaré  » en Arménie. « Je suis le propriétaire du marché et je dois payer des taxes. Pour cela, je dois faire mon travail  », a-t-il ajouté.
«  Leur vente est en effet interdite », a pourtant confessé Hakobian, plus tard lors d’une interview. Mais, le propriétaire prétend que ses commerçants veulent simplement que leurs oiseaux «  respirent de l’air frais  » et qu’il ne peut pas les empêcher de le faire.
Selon Avagian, l’inspection vétérinaire a reçu plus de cent rapports, dont 16 d’entre eux vendredi dernier, sur des poulets morts et d’autres oiseaux trouvés dans différents endroits du pays la semaine dernière. Armen Avagian a expliqué que, lors d’inspections détaillées effectuées sur leurs carcasses, aucune trace de grippe aviaire n’avait été remarquée.
Les autorités turques ont sélectionné des centaines de milliers d’oiseaux afin de faire des tests de dépistage du virus, mais essaient encore de le localiser. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a averti la semaine dernière que le virus pourrait devenir endémique en Turquie et pose un « sérieux risque » pour les pays voisins, dont l’Arménie.
La grippe aviaire a déjà entraîné la réduction, en Arménie, de la consommation de viande et d’oeufs provenant des volailles, inquiétant les sociétés agricoles arméniennes. Les dirigeants des principales usines arméniennes de volailles, placés en quarantaine, ont rencontré des journalistes, samedi dernier, et ont assuré que leurs équipements étaient immunisés contre la maladie. Ils ont expliqué qu’il avait été demandé à leurs employés ruraux de sélectionner des masses de volailles pour faire face à cette quarantaine. «  Des milliers de personnes travaillent dans cette industrie », a précisé Arsen Gagratian, gérant d’une grosse ferme à Lusakert, une ville située à 20 kilomètres au nord d’Erevan. « Entre 70 et 80 % d’entre elles ont été en contact avec ces oiseaux chaque jour. Grâce à Dieu, jusqu’à maintenant, elles ne présentent aucun symptôme de la maladie. Et personne n’a souhaité quitter son travail ».
Bagratian et les autres dirigeants ont déclaré que le secteur n’avait pas encore subi de pertes considérables. Mais, selon l’un d’eux, « une panique parmi les gens occasionnerait d’importantes pertes économiques pour l’Arménie ».

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